La fixation est une version allégée d’une fixation à inserts avec un soin apporté aux petits détails. Une butée rétractable brevetée aide à guider le chaussage toujours délicat. « On a travaillé nos skis avec une plaque pour limiter la possibilité d’arrachement de la fixation qui est plus large qu’une low tech classique. La talonnière est la plus épurée possible avec un seul ressort. Une glissière offre 30 mm d’ajustement à la longueur de chaussure. Elle pèse 565 g la paire avec les vis et la plaque de réglage de la talonnière. Dernière précision, l’écart de hauteur entre la butée et la talonnière est de 5 mm comme une fixation alpine performante« , explique Tony Lamiche, guide et développeur de cette gamme rando (MTN dans le jargon de marque) avec Romain Raisson et Timy Théaux. Une version beaucoup plus proche de ce que font Plum et Dynafit, du classique à l’inverse de la Vipec ou de la Kingpin. Il y a trois versions livrés avec la fix du « u » planté dans le talon de la chaussure, pour trois duretés de déclenchement différentes. Par rapport à la photo, il y aura une deuxième cale de montée et le juste prix est 450 euros. Les gens de Salomon ont laissé entendre qu’ils travaillaient sur une fixation de rando normée plus typée alpine…
Les chaussures ont été développée avec cette ligne directrice en tête : conserver un comportement alpin performant, « nos testeurs voulaient une chaussure de ski, on a donc monté le niveau de performance alpine en ajoutant des features rando et en soignant le fit avec le chausson qui fait 98 mm aux métatarses et qui est 100% thermoformable« , explique Paul-Eric Chamay, gourou des orteils. Trois ans de développement pour aboutir à ces deux modèles MTN Explore (indice de flex de 100, la blanche, 1kg486) et MTN Lab (120 de flex, la bleue, 1kg576). La aussi la marque a joué sur les détails, comme le verrouillage du mode marche/ski : « avec un verrouillage vertical classique, les retours des testeurs étaient mauvais, il y avait du jeu, nous l’avons modifié avec un verrouillage horizontal qui offre une meilleure répartition des forces et pas de jeu avec le temps« . L’amplitude du collier débrayage en mode marche est de 63° pour le modèle Explore et de 47° pour le modèle Lab. Les concepteurs ont imaginé un spoiler carbone mobile qui s’ouvre en mode marche et permet une plus grande liberté de mouvement. Sur la neige, nous sommes surpris par la position horizontale typée alpine, un excellent fit et un bel enveloppement : c’est une vraie pompe de ski ! L’entrée et la sortie du pied est vraiment facile, ce qui n’est pas toujours évident pour une chaussure de rando.
Autre point fort des chaussures, c’est le bas de coque affiné. « Une chaussure de ski normale a une épaisseur de 7 à 11 mm, là nous avons gratté, affiné au maximum pour atteindre 3 à 5 mm, ce qui apporte un vrai gain de poids sur le bas de coque. Cependant, pour conserver l’indice de flex et éviter que le bas de coque s’écrase et s’écarte en flexion avant (‘flambe’ en jargon technique), nous avons ajouté des renforts sur les côtés« , ajoute Paul-Eric « Polo » Chamay. La semelle est sans compromis : pas de pads interchangeables ou de multi-normes, « les skieurs voulaient une vraie semelle accrocheuse« . Enfin la question qui fâche : les inserts. Sur la première génération des chaussures Quest, un procès aux Etats-Unis sur un défaut de fonctionnement des inserts avait littéralement traumatisé la marque, autant que cette fois ils ont pris le temps de concevoir leur propre version.
Et les skis alors, puisqu’il faut bien glisser avec tout ça quand même ! C’est Romain Raisson, le talentueux skieur des Arcs et actif promoteur de la marque sur le terrain, qui s’y colle : « trois modèles en 115 mm de largeur au patin, 95 et 88 mm. Sans compromis pour la descente, nous avons un noyau bois et une fibre lin/carbone, une spatule allégée en nid d’abeille« … (c’est là où il faut demander pour rigoler « comme la gamme S de Rossignol ?« . En réalité Salomon avait conçu ces spatules avant Rossignol mais ne l’avait pas rendue visible, donc personne ne l’avait vraiment remarquée…). Revenons à nos moutons, dotés de chants droits (sauf dans la spatule du 115 mm pour gagner en poids, sauf dans le 95 mm qui est un semi-cap) et d’encoches en talon (relativement plats) pour fixer les peaux. Une géométrie propre et simple, les extrémités allégées, avec la performance à la descente comme idée forte. Il est clair qu’il manque un 105 mm dans cette gamme bien finie dont la skiabilité est réussie, comme nous avons pu le constater. La légèreté est bluffante, avec le 115 aux pieds nous avons grimpé le Grand Mont à Arêches-Beaufort et descendu sans problème, la skiabilité est au rendez-vous… même s’il manque un poil de maniabilité dans des terrains difficiles. Testé rapidement, le 95 s’est révélé extrêmement maniable.
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Texte : Guillaume Desmurs (avec Gino Decisier)