Quel type de skieur de randonnée êtes-vous ?

LE CAFISTE

L’illustre «Club Alpin Français» possède sa propre catégorie ! Ne lui en déplaise. Faut dire qu’il est sacrément emblématique.

Faut dire aussi que croiser un Cafiste sur une arête permet de découvrir en un coup d’œil toutes les évolutions du matériel du ski de randonnée sur les dernières décennies. Le Cafiste est un peu au monde du ski de randonnée ce que le belge était à Coluche, à savoir une cible privilégiée mais à l’égard de laquelle on éprouve de l’affection. Cependant, n’oublions pas de rendre au Cafiste ce qui appartient au Cafiste : sans le CAF, le ski de randonnée ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. En effet, ce club a toujours su entretenir la passion alors même que la discipline était encore anonyme.

LE COLLANT-PIPETTE

Le Collant-pipette a manqué d’un millième de seconde l’opportunité d’une définition dédiée sur Wikipédia. C’est dire son aura et son rôle crucial ! Voici d’ailleurs comment le reporter-animalier chargé de l’étudier dans son milieu naturel avait décrit ce fragment de faune absolument singulier : « […] Le collant-pipette est facilement reconnaissable : combinaison moulante (collant), casque, lunettes de soleil sport, sac à dos duquel sort une pipette dont l’embout est tout proche de la bouche afin de pouvoir s’abreuver rapidement et régulièrement en boisson isotonique durant la montée […]. » Le Collant-pipette partage beaucoup de points communs avec son cousin le traileur. Un Dieu tout d’abord : Kilian Jornet. Et un style vestimentaire ensuite : autant dire minimaliste et près du corps. Attention, un collant vit toujours avec une pipette, tout est dans le trait d’union. Si vous avez l’outrecuidance de l’omettre, le Collant-pipette peut mordre. Surtout lorsqu’il est en « hypo ».

LE FREE RANDONNEUR

Dans les années 2000, quelques rares freeriders ont commencé à oser coller des peaux de phoque sous leurs skis. Ceci grâce aux paires de Securafix ou autres Alpine Trekker qu’ils sortaient du fond du sac au moment opportun. Au fil du temps, profitant de l’allègement du matériel, le freerider se mit à regarder parfois vers le haut plutôt que toujours vers le bas. En zyeutant les sommets, il découvrit même de nouveaux espaces à dévaler. Le free randonneur ne trace pas souvent. Hormis dans des conditions très particulières : depuis le sommet d’un télésiège, sur 150m de dénivelé maximum et uniquement si la descente qui s’en suit en vaut la peine. Cette espèce qui porte gros sous le patin tire forcément la langue derrière ses potes, au cul de la cordée, en râlant tout ce que son souffle lui permet car, clairement, «il préfère les remontées mécaniques tout de même».

LE SKIEUR DE PENTE RAIDE

Famille des skieurs qui vivaient cachés dans des pentes supérieures à 45° entre les années 70 et 90. Quelques (très) rares spécimens se faisaient prendre en photo, les soirs de pleine lune ou les matins de grand bleu, dans des faces jugées inappropriées à l’Homme et ses spatules. Humbles, ils descendaient à quelques exceptionnelles occasions évangéliser la vallée de leurs exploits à l’aide de modestes diapos. Au fil du temps, animal farouche, le skieur de pente raide a commencé à constater, interloqué, que son terrain de jeu vertical se voyait tracé par les plus téméraires des autres lignées. Aujourd’hui, il ne se cache plus. Ou moins. Toujours sauvage, cette famille fourmille particulièrement dans la vallée de Chamonix ou plusieurs gourous sévissent encore. Les autorités sanitaires seraient sur le coup. Selon le PGHM.

L’AVENTURIER BOHÈME

Le ski de rando est son exutoire. Sa nouvelle chasse-gardée. À travers les peaux de phoque, il a trouvé un merveilleux support à son envie d’évasion, aussi bien spirituelle que géographique. Le talon-libre, il voyage à deux pas de chez lui en même temps qu’il découvre les confins de son intérieur. Pour ces contemplatifs de la montagne, l’élégance est primordiale. Tout est question d’attitude. Tout est affaire d’authenticité. Bref, tout est dans le geste ! Ou parfois dans la « 3ème couche ultra-technique et supra-légère ». Peut-être en avez-vous déjà croisé un en montagne, ou au bureau, le lundi matin, un brin rêveur, à vous décrire sa flamme des montagnes depuis sa fenêtre avec vue panoramique sur la ville. « Parce que tu comprends, avec la vie de dingue que l’on mène, ça vaut vraiment la peine, parfois, de se retrouver seul avec soi-même au milieu des éléments. Je me sens tellement revivre là-haut ! Même si les pentes comme les autochtones sont parfois abruptes… »

LE SKIEUR FITNESS

La dernière espèce à avoir vu le jour dans la lignée des hominidés à peaux de phoque. Et pas la moins biscornue… Cette nouvelle communauté rassemble tous les oubliés, tous ces délaissés lassés de faire du trail dans la neige pour cause d’engelures au bout des pieds. Alors, sur le conseil d’un ami, au détour d’une séance de « navettes dans le D+», ils ont troqué les baskets pour les pompes de ski et se mont mis à grimper comme des hamsters le long des pistes ou sous les télésièges… Ils sont assez facilement reconnaissables car ils sont plus équipés que le collant-pipette mais montent moins vite que les free randonneurs !

LE RANDONNEUR À SKI CLASSIQUE

La plus grande famille ! Celle regroupant tous ceux qui n’ont pas forcément envie d’avoir une étiquette dans le dos. Faut dire que « Tout ce matos, c’est déjà sacrément lourd ! »

Si toutes ces catégories vous parlent peut-être, il n’en demeure pas moins qu’au sein de la rédaction du Community Touring Club, nous pensons que tous ces courants ne sont pas hermétiques les uns aux autres et se croisent tous au refuge. Avec un point de convergence immuable, le vocabulaire propre à l’activité qui les a menés à cette table boisée.

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Illustrations par Florent Beaufils et textes par Lilian Martinez pour Community Touring Club