-La rando est un bon moyen de se déplacer en montagne pour un photographe ?
-C’est sûr que pour ce genre de reportage, le ski de rando est le seul moyen pour se déplacer en montagne et pour pouvoir suivre un groupe de skieurs ou d’alpinistes. L’autre solution, c’est l’hélico, mais je ne suis pas vraiment fan de cet outil. Trop de bruit, trop de pollution, trop dépendant de la météo, trop onéreux et en plus cela ne permet pas d’être autant dans l’action que lorsque que vous êtes à quelques centimètres des athlètes. Pour faire de bonnes photos j’ai besoin de vibrer en même temps qu’eux. L’hélico pour faire des images, je pense que c’est un outil d’un autre temps même si paradoxalement il est de plus en plus utilisé, notamment avec le système cineflex. Bien sûr les plans, que ce soit en photo comme en vidéo sont exceptionnels et en mettent plein la vue, mais ce n’est pas l’image que je veux renvoyer de la montagne.
Pour moi la montagne c’est quelque chose qui s’apprécie en douceur, en prenant son temps et par l’effort. C’est comme cela que vous pourrez ressentir les émotions et sortir de belles photos. Je sais que de nombreux skieurs et alpinistes partagent cette approche, et c’est d’ailleurs pour cela que j’aime faire des reportages avec Christophe Dumarest ou Cédric Pugin. L’année dernière j’ai suivi Cédric et Adrien Coirier au cours des deux premières étapes du projet The Line, avec un hélico je n’aurais jamais ramené les mêmes images. Cela dit, Adri aurait certainement préféré l’hélico pour relier Briançon à Modane !
-Quel matos emmènes-tu ?
-Je ne suis vraiment pas passionné par le matos, du moment que c’est fiable et léger ! Pour les skis, si ça glisse, que ça ne déchausse pas et que ça me permet de tourner en toute sécurité, ça me va ! Pour les chaussures c’est un peu pareil : confortables, légères et chaudes. Je porte plus d’importance à mon matos photo : j’utilise actuellement un boitier Nikon D750 qui m’apporte entière satisfaction. Pour l’accompagner j’ai un 20mm et un 24-120mm qui offre un super range pour la montagne. Le truc que je n’oublie jamais, ce sont les gants de soie à mettre en dessous des gants normaux. Quand tu fais des photos c’est très important de ne pas avoir froid aux doigts.
Pour faire de bonnes photos j’ai besoin de vibrer en même temps que les athlètes.
-Tu dois être aussi fit que les athlètes que tu suis ?
-Sur le papier, oui il faudrait ! Dans la réalité, si j’étais aussi bien préparé que eux, je ferais leur job 😉 C’est sûr que pour pouvoir les suivre il faut un minimum de condition physique et ne pas être trop à la peine afin de garder des forces pour son job de photographe. En ski je n’ai pas le niveau technique que j’aimerais avoir, je viens du rocher et donc naturellement je suis plus à l’aise à la verticale. En plus, j’ai fais du snowboard pendant des années et il a fallu que je retrouve mes marques sur une paire de planches.
-Comment gardes-tu ta condition physique pour pouvoir porter ton matos ?
-Honnêtement : difficilement ! C’est pour cela que je prends de moins en moins de matos. J’essaye de faire du dénivelé en début de saison, mais jamais assez à mon goût. J’essaye aussi de monter m’acclimater quand je sais que le shoot va se dérouler en altitude. Mais entre l’ordinateur, la préparation du matos et les tâches administratives, pas vraiment facile de trouver du temps libre.
-Comment gères-tu ta sécurité ?
-En général dès que je vais dans un environnement haute-montagne, un guide m’accompagne, cela permet de bosser en toute confiance tout en gardant un maximum de concentration pour faire les images. Cela n’empêche pas qu’il faut toujours mettre un pied devant l’autre sans se boiter !