Comment as-tu commencé à lever le talon ?
J’ai toujours su qu’après ma carrière de freestyler, je me dirigerai vers le freeride, mon corps n’allait pas pouvoir encaisser et être performant longtemps. Le freestyle, c’est du temps court, de l’agressivité, un engagement physique face à la blessure qui est bien différente des évolutions en montagne de la randonnée, plus lent et plus réfléchi. En fait, le ski de randonnée est venu par un chemin détourné : l’escalade, qui m’a amené vers des pratiques plus lentes et plus douces.
En 2005 déjà, le freestyler Pep Fujas était venu chez moi avec ses peaux et ses securafix. Je me moquais de lui en disant que ça irait plus vite en marchant ! Mais il avait raison, c’étaient déjà les prémices du changement. Les Américains, même s’ils ne sont pas leaders aujourd’hui, ont toujours été plus ouverts à la rando à cause des étendues vierges, et du peu d’infrastructures de leurs montagnes (par rapport à l’Europe).
Très tôt, les riders américains se sont dit que la rando était un moyen d’aller voir ailleurs. Nous, en bons tarins, on prenait les télésièges !
Ce sont aussi des projets qui m’ont amené à la rando, comme en 2011, près de Whistler. On s’était dit avec Anthony Boronowsky que ce serait sympa de partir à l’aventure, avec une tente et des skis de rando, de laisser nos skidoo au garage. Cinq jours, ont a eu froid, c’était humide, on était en autonomie ! Je n’ai pas été pionnier mais parmi les premiers freeriders à pousser ce côté freerando. Avec JP (Auclair, ndlr) et les autres, on était dans l’air du temps, comme un Jeremy Jones qui avait aussi montré la voie, notamment dans le film Deeper avec Xavier De Le Rue.
Un autre projet important a été la haute-Route en 2012. Ok, ce n’est pas très nouveau, mais avec 125 mm sous le pied, il n’y en a pas eu beaucoup, et il n’y en aura pas beaucoup ! Skis + fixations : 8 kg ! Aujourd’hui je le referais avec du matos bien plus léger.