Notre premier objectif est le couloir nord de la Grosse Tête 2728m. Nous suivons le fond du vallon en direction du sud, avant de bifurquer et d’entamer notre montée, ski sur le dos, par les couloirs Est qui sont plus courts mais qui commencent déjà à chauffer. La neige porte bien et l’accès s’opère facilement. Depuis l’arête qui mène au sommet, le panorama est époustouflant. Sur notre gauche : la fin de la vallée des Avals et en arrière plan les glaciers de la Vanoise qui ressemblent à une énorme calotte glacière. En face de nous, le long glacier de Gebroulaz coule quasiment jusqu’à nos pieds et sur la droite nous distinguons les hauteurs du domaine skiable des 3 Vallées. Le décor est planté, il ne reste plus qu’à vérifier si le potentiel ski est également au rendez vous. Dans un premier temps nous sécurisons le haut de la face par des pressions sur le manteau neigeux, skis aux pieds et rattaché par notre corde à un point fixe. Au sommet de la Grosse Tête, deux couloirs nord s’offrent à nous, le premier est évident, le second est plus raide environ 45˚, étroit et posé sur des dalles dans sa première partie qui selon l’enneigement ne passe pas à tous les coups. J’ouvre la seconde option. Le couloir paraît « tout peuf », il est magnifique. Je m’attend à ce que ça « slough », il va donc falloir skier vite et juste sur cette partie encaissée. Je m’engage, le manteau est épais et doux à souhaits.
Cette section sommitale est un régal, nous pouvons totalement lâcher les chevaux.
La partie qui suit, a pris le vent, nous ne l’avions pas vu et nous nous faisons fortement surprendre par une neige dure. Sur le bas nous retrouvons une neige profonde qui vole. Voilà notre instant : « virage carte postale ». Le retour au refuge demande de remettre les peaux pour 100m de dénivelé positif. L’idée d’un bon casse croute au soleil de la terrasse de notre cabane, nous pousse à élever notre cadence. Le soleil tombe petit à petit et finit par illuminer uniquement l’aiguille de Chanrouge. Un moment tout simplement magique.