Pourquoi partir en Sibérie ?
J’avais rencontré une skieuse russe Anna Khankevich sur le tour de qualification du Freeride World Tour, c’est elle qui m’a parlé de la région de Mamay près du lac Baïkal. Les démarches sont longues, il faut être invité pour avoir un visa de 10 jours… depuis l’aéroport d’Irkoutsk, c’est 5 heures de bagnole et deux heures de rando pour arriver à notre petite cabane. Les montagnes ne montaient pas très haut et m’ont fait penser au Canada avec des paysages magnifiques et surtout personne ! Il fait entre -10 et -20°C ce qui n’est pas idéal pour la neige parce qu’avec ce froid sec c’est une fine neige qui tombe et tout givrait y compris les masques dans les sacs le temps de la montée ! Il y avait une particularité que je ne pourrais pas expliquer dans cette vallée : l’humidité du lac rentre dedans et on se retrouve avec un taux d’humidité énorme, des gros patins qui tombent du ciel, c’était incroyable, on a pris 80 cm en une nuit ! Il y a aussi le vent très présent qui change bien les conditions de neige et provoque de plaques à vent… c’est le skieur qu’on voit dans le traineau à la fin. Il était dans un autre groupe que le nôtre mais comme tout le monde est sur la même fréquence radio dans le coin, on est allé les aider.
Il faisait vraiment froid ?
L’intérieur de la cabane était glacial, les habits ne voulaient pas sécher. Deux solutions : couper du bois pour le feu et s’ouvrir une bonne bouteille de Vodka. Vu le débit du photographe, l’alcool en Russie, c’est pas une légende, ça explique pourquoi il pouvait résister à un froid pareil sans bouger, sans gants, pendant des heures !
Tu vas donner une suite à ce petit film ?
Oui, deux autres épisodes avec des destinations encore pas définies. Et puis ces images seront visibles dans un film plus long qui sera diffusé en fin d’année.
Les Russes randonnent ?
Oui, la rando se développe énormément en Russie, ils le font un peu à l’américaine, c’est du backcountry sauvage, j’en ai vu en raquettes, splitboard, ski de rando, tout le monde montait un peu à sa façon et les skieurs avaient des skis larges en général, équipés pour se faire des bonnes descentes de poudreuse plus qu’une montée rapide.
Quels sont tes autres projets pour l’hiver ?
Sécuriser ma place sur le freeride world tour c’est à dire être qualifié pour 2016, pour ça je suis en ce moment concentré sur la compétition, je suis parti en Russie assez tôt histoire de ramener du contenu en début de saison et ensuite passer au registre compétition avec le Freeride World Tour.
Si tu avais les moyens tu prendrais un hélico plutôt que la rando ?
(rires) Non, j’ai bien accroché à la rando, je ne suis pas à la recherche de la perf, je ne cherche pas le matos le plus léger, je veux pouvoir monter tranquillement profiter du paysage et être bien équipé pour la descente. En trip tu n’as pas le choix que ce soit dans les Lofoten avec Aurélien Ducroz ou en Sibérie. En trip ça donne libre accès à plein d’endroits, on gère ce qu’on veut faire sur les journées, ça offre pas mal de liberté.
Propos recueillis par Guillaume Desmurs
Photos (cliquez sur les photos pour les voir en grand) : Andrey Britanishskiy