Test fixation freerando Kingpin Marker from Community Touring Club on Vimeo.
La météo avait annoncé du mauvais lundi après un week-end de blizzard canadien et de chutes de neiges sibériennes. Le mois de novembre ne s’attendait pas à cela ! Nous avons pourtant pris la route de Tignes, avec des détaillants curieux de tester le nouveau matos et l’équipe de Marker France équipée d’un sac de croissants frais, pour taquiner cette première et épaisse poudreuse ! Aux pieds, la fixation Kingpin. Annoncée il y a un an, disponible en série limitée tout l’hiver, elle a révélé un petit défaut de solidité des ergots – corrigé par le fabricant – et elle est cet hiver enfin disponible à la vente.
La Kingpin a une particularité par rapport aux fixation concurrentes sur le même créneau (Beast de Dynafit et Vipec de Diamir) : elle a été développée par un fabricant qui n’a pas d’antécédents dans la rando classique à deux points (ok, comme Diamir) et surtout elle a une talonnière de fixation résolument alpine, ce qui détonne dans le paysage de la fixation de randonnée.
Ces deux caractéristiques placent cette Kingpin exactement entre les deux mondes de la rando classique (autrement dit le monde de l’insert) et la culture alpine sensible à la sécurité et à la compatibilité. La Kingpin a donc le potentiel, me semble-t-il, de servir d’efficace trait d’union entre les deux pour inciter les skieurs de l’univers alpin à rejoindre les merveilleux territoires de la randonnée.
« Même en l’essayant sur piste en neige dure, elle a un comportement d’alpin. Si on me demande de skier les yeux fermés, je ne perçois pas de différence entre une fixation alpine et la Kingpin. C’est la fixation pour les randonneurs qui considèrent que la montée est au service de la descente« , estime Thomas Rouault, le boss de snowleader.com.
En plus de sa talonnière rassurante (mais pas que, elle donne aussi un feeling précis de conduite alpine en courbes), Marker a travailler l’avant avec une débauche de ressorts qui donne cette sensation de sécurité. On pourrait presque la qualifier de « crossover » si on était vulgaire, on va plutôt dire qu’elle propose un intéressant compromis entre légèreté, sécurité du déclenchement, sensations de glisse, facilité d’utilisation… et possibilité de mettre des stops-skis (si c’est pas alpin, ça !).
Même si on n’est pas très habitué au système lowtech, le chaussage se déroule plutôt bien. Je ne galère pas trop à aligner les pointes et les trous. La manip du passage du mode montée au mode descente est facile, avec ce petit levier à pousser sous le pied pour passer d’un mode à l’autre. Il faut l’actionner une ou deux fois pour bien comprendre comment il glisse. Les cales s’actionnent avec le bâton et c’est presque la gestuelle la plus délicate à maitriser, elle est pourtant essentielle pour ne pas se faire attendre à la montée et avancer de façon fluide. Carole Chambaret et Boris Langenstein, qui nous guident dans des vallons soufflés mais bien moelleux, jouent avec les cales de façon si virtuose que c’en est presque énervant.
C’est clairement une fixation prévue pour les petites dénivelés et pour assurer à la descente. Nous nous faisons dépasser par des randonneurs ultra-light qui avalent le dénivelé à la montée, pour eux la Kingpin est sans aucun doute un monstre de poids et d’encombrement… mais c’est à la descente qu’on l’attend cette Kingpin. Elle tient bien ses promesses en terme de feeling dans les courbes, de tenue et de déclenchement… comme certains ont pu l’expérimenter avec des cas très différents : glissade sur glace et déchaussage en vrac, chute frontale et déchaussage acrobatique. Ok merci les gars pour la démonstration, ça marche !
« Je la conseillerai à quelqu’un qui ne cherche pas spécialement un gain de poids, mais qui a des chaussures légères, typée rando freeride avec inserts, et qui cherche une conduite de ski alpin sur des skis assez larges, à partir de 90/95 mm sous le pied. Il ne faut pas donner la Kinging à celui qui veut faire 1500 m tous les matins pour du cardio !« , Mike de Sanglard Sports Chamonix.
Normée Tüv comme la Beast et la Vipec, la Kingpin garantit donc un déclenchement homogène. Comme l’explique très bien notre confrère de Ski Rando magazine, Sylvio Egéa, « Pour le ski de rando, il existe des normes principalement issues du ski alpin mais pas spécifique aux fixations à inserts. Le TÜV garantit que la fixation à inserts déclenchera comme une fixation alpine ».
« A la montée tu as un bon rendement, c’est agréable. Je ne la mettrais pas sur un ski très légers mais un peu plus typés freeride, pour des petites randos de 500 m à 1000 m selon ta condition physique. Elle a les avantage d’une fixation alpine au niveau de la sécurité et déchaussage arrière, avec des vraies aptitudes à la descente, tout en gardant l’esprit d’une fixation de rando à inserts. C’est un bon compromis ! Moi je m’en sert tous les jours pour le boulot, tu peux tout faire avec. La montagne pure, c’est sa limite, elle fonctionnera mais sera plus lourde qu’une fixation à insert classique« , explique Boris Langenstein.