-Un mot sur l’évolution de la randonnée, selon votre expérience ?
KJ – Les premières courses, il n’y avait pas beaucoup de participants, on allait un jour en semaine sur piste s’entrainer et même en montagne on n’était pas nombreux. Ces cinq dernières années, en semaine, il y a toujours 20 ou 30 personnes sur les pistes ! Sur Chamonix, les Aiguilles Rouges, le bassin d’Argentiere tous les jours il y a du monde ! Ca grandit et en grandissant, ça veut dire qu’il y a plus de participants dans toutes les disciplines : freeride, ski touring, freerando.
EG – Côté ride on a vu l’évolution, je me souviens dans les années 2000 je filmais autour du barrage d’Emosson, on voyait une dizaine de randonneurs, on était impressionnés. Depuis 2 ans quand tu voles sur les mêmes zones, ce sont 2 à 300 randonneurs ! La rando explose en station, dès les premières chutes de neige les gars sont là à 6h du matin sur la neige.
KJ – Des events comme le Big Up & Down c’est bien pour rencontrer des riders, des gens qui font de la montagne.
C’est le ski alpinisme dans toute sa largeur ! (Kilian)
EG – J’ai fini bon dernier au Kilianomètre, j’ai trouvé génial qu’il y ait du carbone mais aussi du ski fat. Il y a clairement une différence de niveau mais ce n’est pas un problème, notre objectif n’est pas d’être premier mais d’arriver en haut, donc même si j’ai fini dernier avec Mathieu Navillod, j’ai un peu gagné ! Ce que j’ai aimé c’est qu’il y a eu tout de suite une cohésion entre tout le monde. Mon seul regret, c’est que j’ai fait un selfie avec Kilian et ensuite je ne l’ai plus vu de la course…
Big up and down par adrenaline
-L’avenir se trace comment pour la rando ?
EG – L’initiative du Big Up & Down ou des Arcs (et d’autres stations comme Combloux) est bonne. La montagne, quoi qu’on en dise, fait peur. En proposant des parcours sécurisés, on va probablement avoir des gens de la plaine qui vont monter et même si on perd des ventes de forfait, on va remplir les stations et redorer les sports d’hiver. Donc je pense que c’est très bon pour nous, d’autant plus qu’il y a beaucoup de skieurs qui craignent d’aller sur des versants qui ne sont pas une station. Donc les gens font de la rando sur les domaines skiables avec un sentiment de sécurité.
Donc si demain on a plusieurs petits parcours sécurisés pour tout le monde, c’est parfait ! Les stations qui ont compris cela sont dans le bon chemin… (Enak)
KJ – Les pistes aménagées, on voit que c’est une réalité, il y a beaucoup de gens qui ne font pas de compétition et qui, les jours de mauvais temps, vont sur les pistes. Au Houches, la moitié des utilisateurs de la piste de rando sont des skieurs qui s’entrainent et l’autre moitié de simples randonneurs qui veulent éviter les avalanches. Les itinéraires sont intéressants pour ces deux mondes. Et plus il y a de monde qui fait de la rando, plus il y en aura en montagne, car le but final est d’aller en montagne. Il y a un travail de conscientisation, de formation à faire. C’est bien de faire des itinéraires dans les stations, ça évite les randonneurs sur les pistes, mais il faut aussi les former pour aller en montagne, qu’il évoluent en liberté.
Le défi // 4 stations, 2 remontées, 9 potes from Community Touring Club on Vimeo.
EG – Pour convaincre le citadin de faire de la rando, je lui dirais qu’aujourd’hui c’est aussi facile d’aller faire du ski de rando qu’un petit jogging.
Pour les skieurs alpins, je leur dirais qu’on peut manger de gros burgers la conscience tranquille après une belle rando ! (Enak)
KJ – Aujourd’hui on trouve du matériel plus facilement pour s’amuser en montée et en descente. Sur la piste, tu apprends mais quand tu es en pleine nature, tout seul avec des copains, ce sont des sensations incroyables !
EG – Niveau matos en trois ans ça a beaucoup évolué. Pour les skieurs à ADN alpin, il y a enfin des chaussures et des skis qui sont light et dont le comportement se rapproche du matos alpin. Avant on se tapait 3 heures de rando pour 4 virages exécrables ! Kilian vient de m’apprendre qu’avec ses chaussures en carbone qui pèsent 12 g il ride des couloirs à Cham avec Vivian Bruchez ! Même le matos light marche !
KJ – Tout cela permet aux pratiques de se mélanger un peu. Le matos de compétition est léger, tu descends vite sans trop de plaisir. Le matos plus large, orienté descente, est allégé. Aujourd’hui il y a des skis à 80mm au patin qui pèsent moins d’un kilo, des chaussures légères qui permettent de grimper, avec mes chaussures en carbone j’ai pu faire de la cascade sur glace… Avec ce matos intermédiaire tu peux faire dix couloirs à la journée (Enak fait la moue sur le chiffre de dix…). Il y a l’orientation légèreté, l’orientation performance et la réunion des deux permet d’être meilleurs à la montée comme à la descente.
L’intérêt aujourd’hui est le matériel léger, un peu plus lourd que celui de la compétition, pour bien profiter de la descente sans trop t’handicaper à la montée. (Kilian)
EG – La pratique est la même, bien sûr, mais Kilian reste un extra terrestre parce qu’il fait de la compétition verticale et qu’il utilise toutes ses compétences pour faire de l’alpinisme. Il a une démarche différente de la majorité des randonneurs, il a une vraie approche montagne et en même temps il a envie de se faire plaisir à la descente. Il se rapproche de nous qui montons pour descendre… parce que nous, monter pour gagner, on ne sait pas faire !