« C’est un ensemble de produits accessoirisés ski (jupe pare-neige, poche à forfait, etc.) mais construits comme des produits montagne » résume Gregory Allali de Mountain Hardwear. « C’est un vêtement dans lequel on se sent aussi à l’aise sur un télésiège gelé face au vent que dans une montée en peaux de phoque ou skis/snowboard sur le dos » précise Vincent Thomas chef de produit pour Ortovox. Et Etienne Lassus, responsable de Salewa de résumer : « le choix d’un vêtement de freerando doit s’articuler autour de l’idée fondatrice qu’il est la rencontre parfaite entre glisse et alpinisme ». Le vêtement de freerando mélange donc les codes de la montagne et du freeride sans renier sur le style « une donnée importante pour ce segment qui raffole de couleurs, de color-block, bref des panoplies bien plus stylées que la tenue noir qu’on retrouve en ski de rando » dixit Claire Muzart de Bergans of Norway.
Les bons ingrédients d’une tenue de freerando en 10 points
1- Robustesse des matériaux afin de répondre aux différentes sollicitations de la pratique en terme de mode de déplacement (fixations, raquettes…), de portage (sac, épaule…), ou d’accès (techniques alpines, rappels…). Comme le ski est plus engagé et agressif qu’en rando traditionnelle, une grosse protection en bas de pantalon, style kevlar, aramide ou keprogrid, n’est pas un luxe afin de se prémunir des coupures de carres ou de crampons.
2- Une protection plus importante : le contact avec l’élément étant accru, les guêtres, jupes pare neige, manchons, encolures, capuches seront particulièrement travaillés.
3- La capuche doit pouvoir accueillir le casque afin de se sentir bien protégé et ne pas avoir de neige qui rentre dans le cou. Elle doit suivre les mouvements du cou et avoir un serrage à une main utilisable avec les gants. Son fit est important car elle ne doit ni comprimer le visage, ni laisser le vent s’engouffrer à la descente, une visière modulable est appréciable.
4- L’encolure doit pouvoir couvrir tout le bas du visage. Si elle est munie de trous d’aération pour faciliter la respiration, c’est un plus. Une fermeture zippée en asymétrie est également appréciée.
5- Les manches sont rallongées, élargies aux poignets avec des velcros pour les ajuster à sa guise, munies de manchons, et dessinées avec coudes préformés.
6 – Le bas de veste doit avoir un serrage facilité et être soit muni d’une jupe pare-neige (de préférence amovible), soit rallongé afin de couvrir la majeure partie des cuisses. L’idéal étant d’avoir une veste et un pantalon qui se connectent pour devenir une one-piece les jours de grosse poudre.
7 – Les zips de ventilation sur la veste et le pantalon sont indispensables. Sans filets ils assurent une meilleure ventilation. Avec filet, ils empêchent la neige de pénétrer…
8 – Les poches : les poches repose main peuvent être remontées afin de ne pas voir leur accès condamné par le port d’un baudrier. Les poches intérieures doivent être larges et hyper accessibles afin de s’en servir de fourre-tout ponctuel : une paire de gants, un masque. Une poche cargo sur le pantalon permet d’y glisser une carte par exemple !
9 – La coupe est essentielle : plutôt standard, elle doit être ample sans pour autant être baggy pour être à l’aise dans toutes les configurations et ne pas entraver les mouvements. Si vous préférez une coupe plus près du corps, optez pour une matière stretch. On apprécie que le sur-pantalon remonte jusque sous la poitrine afin d’offrir une protection optimisée. S’il a des bretelles, elles doivent être amovibles.
10 – Un langage couleur différenciant : Etre visible de loin est un gage de sécurité, pas uniquement de style ! Couleurs vives et primaires voir fluo et gros blocs couleurs sont la tendance du moment. Cet hiver, c’est le orange…
Quelle différence avec un vêtement de de ski traditionnel ?
« Contrairement au ski classique, en freerando, on alterne des phases actives et statiques, des montées et des descentes, dans des pentes d’orientation variées avec une multitude de climats. Un vêtement de ski classique est doublé pour être chaud et ne conviendra pas dans les phases actives à cause de cet apport de chaleur fixe. Une veste et un pantalon de freerando se caractérisent par leur absence d’isolation » explique Vincent Thomas. « La respirabilité est indissociable de la pratique freerando et c’est la différence primordiale avec un ensemble de ski traditionnel qui s’appuie sur les apports de chaleur et d’imperméabilité. L’équipement de Freerando doit assurer une régulation thermique, c’est le plus important. En hiver on ne va pas chercher à avoir chaud car on a naturellement chaud en se dépensant, mais plutôt à garder une température constante tout au long de sa sortie. Il faut donc réguler sa transpiration afin d’éviter le dramatique effet de frisson au repos qui calme même les plus téméraires. Pour rester au sec, on travaille la respirabilité de ses produits en empilant trois couches, chacune ayant une fonction. L’air étant le meilleur isolant thermique : il vaut mieux repenser la nature de chacune de ses couches que de superposer un nombre trop important de couches et être engoncé » précise Etienne Lassus. Vous l’aurez compris, la clef en freerando, c’est le multi-couches. Bref rien de vraiment neuf sous le soleil ! De là à dire que la tenue de freerando est marketing, à vous de juger 😉
Texte : Nolly Meat