5 mai 2017.
Les premiers rayons de soleil touchent la face nord-est de la Cime Caron, 3193m. Le beau temps prédomine et il a neigé ces derniers jours, un cumul atteignant entre 30 et 50 cm, ce qui classe cette chute parmi les plus importantes de la saison. Les températures sont relativement fraîches pour l’époque et le décor qui s’ouvre à chacun de nos pas ressemble aux meilleurs spots publicitaires pour une station de ski. Un décor blanc à souhait, pur et magnifique. Forcément, après la fermeture, ce sommet se mérite un peu plus que d’habitude, environ 1000m de D+ en rando. L’avantage majeur est le côté exclusif : nous sommes seuls. Ce qui est un énorme privilège sur cette face mythique des 3 vallées qui, vous l’imaginez bien, est « blindée » de monde tout au long de la saison. Ça sent bon le « hold up » de l’hiver. La neige est froide et le vent de la nuit a peu travaillé sa surface.
Au 2/3 de la montée notre point de vue est parfait pour repérer notre ligne, toutes les options de couloirs passent, ce qui n’était pas le cas quelques semaines auparavant. Quel pied d’être au sommet ! Autour de nous, les massifs du Mont Blanc, de la Vanoise et des Ecrins n’ont jamais été aussi blancs de l’hiver. Malgré une longue saison dans les pattes, nous sommes toujours autant émerveillés par les lieux, et excités par cette poudreuse qui nous a tant fait défaut cette année.
J’attaque dans le couloir principal, ça vole, c’est froid et ça se skie à bloc. La banane aux lèvres dès le second virage et une seule envie en tête : skier vite et jouer avec le terrain jusqu’en bas. Cette grosse montée d’adrénaline nous recharge pour un certain temps, mais elle nous pousse également à y retourner au plus vite. Le brouillard de Maurienne débarque sur les cimes, Charlène enchaîne, tandis que Victor aura moins de chance et skie son option de descente dans le jour blanc le plus total. Nous décidons alors d’en rester là et ne pas remonter pour un second run. Pour l’anecdote, Victor avait déjà expérimenté ce petit tourniquet en fin de saison 2016, en effectuant avec Kevin Guri trois rotations en rando pour une journée super éprouvante mais incroyable et un des meilleurs édits vidéo de la saison. Pour preuve que notre journée n’est pas unique en son genre, mais plutôt fréquente à cette période de l’année au-dessus de 2500m d’altitude.