Pas de révolution au menu. La rando et la freerando continue à influencer de façon durable et profonde les gammes des fabricants ainsi que la conception du matériel. « Une chaussure comme la Hawx (Atomic) ou la QST (Salomon) sont des chaussures alpines clairement influencées par le design rando », explique Jérôme Minet, en charge de la chaussure chez Lange. Il présente lui-même le premier modèle rando de la marque italienne, connue pour ses qualités alpines. Déclinée en trois couleurs flashy, la XT porte classiquement quatre crochets, sortent d’un nouveau moule, sont disponibles en 97 mm et 100 mm. Leurs inserts sont certifiés Dynafit, elles pèsent 1kg800 en taille 26,5 et le chausson est entièrement thermoformable. « Elle est rassurante pour les alpins qui passent à la rando », explique Jérôme Minet, « c’est justement l’un des freins de la chaussure de rando aujourd’hui : la complexité des crochets, des câbles, des manipulations ».
Après une journée sur la neige, la XT se révèle parfaitement en phase avec son programme : une chaussure alpine solide, avec un flex très alpin (le 130 est un vrai 130) et une crochetterie bien travaillée. Elle ne plaira pas aux randonneurs traditionnels (elle manque un peu de débattement, elle est lourde) mais le skieur alpin se sentira en terrain connu. Un produit que j’appelle trait d’union (comme peut l’être la fixation Kingpin, la chaussure MTN) entre l’univers alpin et l’univers de la randonnée.
Le cycle des nouveautés s’est considérablement ralenti chez les fabricants de ski et notamment dans le matériel de rando : fini les nouveautés annuelles, les modèles restent en gamme deux ou trois saisons avec parfois les mêmes décos… et ce n’est pas finalement pas si mal. On en parle depuis un moment, depuis 2009 même. Ainsi Zag n’annonce pas de nouveautés mais travaille sur un modèle junior et un nouvel Ubac, le modèle-phare de la marque d’Argentière décliné à partir du shape du Bakan, actuellement le plus large de la gamme rando chez Zag. Ils seront disponibles l’hiver prochain.
Au milieu du fouillis (plus ou moins entretenu par les fabricants) des normes de fixations (Tüv, Iso…) et auquel plus personne ne comprend rien, un standard se dessine : la fixation à inserts de Dynafit. L’annonce d’un accord de partenariat avec le groupe Amer (pour les chaussures Arcteryx dès 2016/2017 et les modèles Atomic et Salomon pour 2017/2018) vient confirmer cette tendance. Ces trois marques équiperont donc leurs chaussures d’inserts certifiés Dynafit qui améliore la compatibilité entre une chaussure et la fixation. Les marques suivantes ont déjà signé pour le sceau Dynafit : Tecnica, Scott, Fischer, Hagan (+ Movement et Roxa, ce sont les trois mêmes chaussures), Lange et Scarpa.
Salomon, justement, décline sa chaussure MTN, un vrai beau succès, en modèle féminin.
Un autre exemple de la confusion entretenue sur les chaussures et les fixations est la norme rando WTR : elle donne aux chaussures de rando une sécurité équivalente aux systèmes de ski alpin… uniquement sur les fixations WTR. Sauf que sur des fixations de ski alpines classiques (donc non WTR), il n’y a pas de déclenchement sécurisé. Ce léger défaut n’est évidemment pas clairement expliqué. Posez la question à votre détaillant pour voir…
Revenons aux nouveautés. Chez K2, le célèbrissime Wayback, l’un des plus consultés dans nos tests et détenteur d’un award, ne change pas (en version 96 mm sous le pied), mais le 88 mm est allégé de 200 g avec un nouveau noyau. La déclinaison chez les femmes se fait avec un noyau spécifique légèrement plus souple et s’appelle Talkback. Le Coomba, le ski de feu Doug Coombs, ressort pour son dixième anniversaire dans une parure fidèle à l’original. Du côté des chaussures chez le fabricant américain, la Pinnacle se dote d’une petite soeur 300 g plus légère (par chaussure) car fabriquée en plastique Pbax (le plastique de choix des fabricants de chaussures de rando qui grignotent les grammes).
Chez Dynastar, on ne change pas une équipe qui gagne… on la complète ! Le Mythic 97 ne change pas et voit un nouveau venu, le Mythic 87, co-développé avec Vivian Bruchez. 87 mm sous le pied, des lignes de cotes tendues et un poids minime de moins d’1kg. Après l’avoir tourné quelques pistes sur neige dure à molle, il révèle de vraies qualités de pistard. Le plus impressionnant est qu’il n’a pas le poids de sa performance. En se tirant la bourre avec Vivian sur une noire durcie, le ski tient la courbe, une étonnante performance pour un tel poids.
Vivian Bruchez parle du nouveau ski Mythic 87 de Dynastar from Community Touring Club on Vimeo.
Chez Dalbello, qui se traine des chaussures lourdes et qui a pris du retard dans la trace rando, propose une Lupo carbon ti à 1650 g… pas des plus légers et au-dessus de la limite psychologique des 1kg500, mais elle est de belle facture… et d’un prix à la hauteur, dans les environ de 1000 euros.
Völkl décline sa magnifique construction allégée sur un BMT 109.
Kästle fait parler de lui dans les allées de l’ISPO avec ce modèle pesant 1350 g en 178 et alignant 98 mm sous le pied.
Chez Majesty, on propose du large carboné avec le Destroyer clt, de 111 à 117 mm selon la longueur, et pour un poids de 1,35kg à 1,9 kg.
A noter, la fixation maligne de randonnée/télémark, pas nouvelle mais dotée de nouvelles optimisations, la Meidjo 2.0. C’est Made in France et elle a remporté un award French Outdoor.
Fischer continue à compléter sa gamme avec un modèle très léger qui donne très envie de le tester.
Dynafit :
Blizzard et Tecnica
Texte et photos : Guillaume Desmurs