En bonne aventurières que nous sommes (Chloé Roux-Mollard, rideuse des Arcs et compère fidèle ces dernières années et Tiphanie Perrotin, snowboardeuse toujours en quête d’aventure souhaitant découvrir les joies du splitboard), nous débarquons comme des fleurs dans notre petite maison trouvée via AirBnB, à quelques kilomètres de Sogndal. Ce n’est pas la première fois que Chloé s’aventure en randonnée dans ce pays nordique. Les montagnes peu élevées, la facilité d’accès et des conditions de neiges généralement plus stables que dans les Alpes rendent possible cette non-organisation.
Lors de notre arrivée, soit trois heures de route depui l’aéroport de Bergen, notre ‘’proprio’’ semble lui même rentrer d’une sortie dominicale. Nous nous permettons de lui demander quelques conseils. Une heure plus tard, nous disposons de toutes les informations dont nous pouvions avoir besoin : les randonnées incontournables, celle qui disposent de point de vue sur les fjords, le temps approximatifs de montée, les conditions de neiges, les zones boisées en cas de mauvais temps et surtout il nous prête sa carte pour la semaine ! Cette aventure commence bien, c’est presque trop facile…
C’est une région à fort potentiel rando, sans être autant connue que les Lofoten et ou les Alpes de Lyngen.
Pour notre première sortie, le soleil est de la partie. A cette époque de l’année (février) ce n’est pas forcément gagné. Nous choisissons d’explorer une montagne en bord de fjord, le spectacle est au rendez-vous : au sommet nous passons des heures à profiter de ce paysage aux couleurs incroyables ! La Norvège nous offre tout ce que l’on pouvait espérer dès notre première journée.
Le lendemain, le temps est un peu plus couvert et frais. Nous choisissons donc un itinéraire juste derrière la maison. Le paysage est diffèrent, il y a beaucoup de végétation, de forêt à basse altitude, on a parfois l’impression d’être au Japon. Nous rencontrons des locaux qui nous fournissent des informations sur un itinéraire safe car la neige est censée arriver en quantité d’ici la fin de semaine. Il nous confirment que la fraiche est bien présente. Ils en reviennent mais ne sont pas aller au sommet ayant peu de temps. Ils devaient retourner en cours. Ils sont étudiants à l’Université de Sogndal. Nous n’aurions pas cru qu’une si petite ville pouvait abriter un campus et pourtant…
Suite à ces quelques jours de randonnée j’ai souhaité en apprendre un peu plus sur l’approche de la rando par les Norvégiens. Cette population est familière des déplacements à ski notamment avec le ski nordique, c’est même inscrit dans l’ADN de ce pays ! Depuis longtemps, ils ont pour habitude de se balader en fond de vallée grâce à du matériel dont la forme s’apparente à des skis de fond, un peu plus large et avec des carres. La semelle offre une belle accroche à la montée et une glisse certaine à la descente. Apparemment, les aires de pratiques sont plus vallonnées que montagneuses.
Dans les alpes françaises il existe plusieurs profils, les ‘’collants pipettes’’ plus intéressés par l’effort à la montée, les randonneurs traditionnels et les free-randonneur dont l’objectif est une belle descente. Cette description est succincte (et donc imparfaite), c’est volontaire. En Norvège, ce serait plutôt la freerando. Les Norvégiens adorent les sports outdoor, ils aiment être dans la nature. Ils apprécient l’effort à la montée à condition que cela mène à une descente qui en vaille la peine. Les stations de ski Norvégienne ne sont pas aussi grandes et développées que chez nous. En revanche le terrain de jeu pour la rando est presque infini. Vous ne verrez personne monter en bord de piste, ce n’est pas l’esprit.
Côté matos, grâce aux développements de matériel léger et polyvalent, ils privilégient la paire à tout-faire. Des chaussures à inserts mais assez rigides pour pouvoir attaquer à la descente et des skis plutôt large. Après coup cela me paraît assez logique, il est courant de voir les compétiteurs norvégiens courir en low-tech sur les étapes du Freeride World Qualifier. L’étape du FWQ s’intégrait à un évènement de plus grande ampleur, un Festival de Sports de Montagne. Des tests de ski étaient organisés dans la station et je fus surprise de voir autant de paires montées en randonnée qu’en fixations alpines. Il était aussi impressionnant de voir le nombre de spectateurs à cette compétition, tous venus en ski de rando.
En France, avec mes BMT 98 en 166 cm, on me regarde comme une extraterrestre parce que je suis large, là-bas on me regarde aussi bizarrement… mais parce que c’est tout petit !
Je ne veux pas tirer des généralités de mes observations car il semble que Sogndal soit un endroit particulièrement propice à la (free)-randonnée. Une marque locale de ski, SGN, à d’ailleurs crée une ligne spécifique, adaptée aux montagnes de cette région. Il se peut donc que le profil des randonneurs varie d’une région à l’autre mais les compétitrices norvégiennes que j’ai pu interroger confirment que la freerando prédomine et elles sont également persuadées que cette pratique va exploser dans les années à venir. Lorsqu’on entre dans le magasin Intersport de Sogndal ça paraît évident ! On arrive tout de suite sur un bel espace dédié à cette pratique.
Texte : Laure Vailly
Photos : Nils Louna