-Comment a démarré skitour.fr ?
-J’ai lancé skitour en 2000. J’ai eu une rando d’internaute la première année, deux l’année suivante, ça a vite grimpé ! Je n’avais aucune prétention, j’aime bien coder, ce n’est pas mon boulot (je suis prof de mécanique) mais j’aime ça. Ensuite, j’ai apporté des améliorations par petites touches, sans investissement, avec surtout le souci de répondre à la demande de l’internaute. Aujourd’hui, je m’occupe de la modération, avec une dizaine de copains modérateurs, je fais un peu de codage.
-Comment définis-tu la randonnée ?
-C’est ma pratique, celle de la plupart des gens : une balade en montagne. Ensuite il y a une pratique plus compétition, j’en fais un peu, ce n’est pas trop l’optique. Et puis en troisième lieu, il y a la pratique freerando, je ne sais pas trop ce que c’est, je vois bien qu’il y a du freeride dedans, mais je ne vois pas à quoi ça correspond. Tu ne t’affranchis pas de la station en freerando. Les gens qui sont sur skitour.fr, ce sont avant tout des montagnards.
-A une question d’internaute te demandant des conseils pour s’équiper en freerando, tu réponds sur ton site : « freerando, késako ? ». Tu n’y crois pas ?
-Sans jugement de valeur, j’ai du mal à le définir, c’est pour ça que j’ai du mal à renseigner les gens. C’est une réalité commerciale, marketing, oui, je pense, peut-être. Il y a pas mal de freeriders, des jeunes, qui ne passent pas à la rando parce que c’est sport de pépé, le goût de l’effort n’étant pas donné à tout le monde, du coup, la freerando est une façon assez judicieuse pour les marques de tirer ce public-là vers plus d’autonomie. Des skis larges en rando, on en avait avant. La fixation Kingpin, ce n’est pas le dada des internautes sur skitour. On ne descend pas les pentes à mach 1000, ces fixations ne nous apportent rien, sauf du poids, alors que nous cherchons la légereté. Pour nous le randonneur, c’est TLT et c’est tout. La kingpin n’est pas une alternative possible. Ce n’est pas un mauvais produit, c’est en dehors.
-Comment analyses-tu le soudain intérêt des marques pour ce segment freerando ?
-La rando, c’est 100 000 pratiquants, le ski de piste, 5 millions. C’est incomparable ! En revanche, c’est bien pour l’image de nature et de liberté que ça peut donner, mais en terme de marché potentiel, c’est limité. C’est l’occasion de faire renouveler son matos à tous, c’est bon pour le business. Pourquoi une marque viendrait sur un marché si ce n’est pour faire du business ? Je trouve ça bien et même très bien !
-Que dis-tu de l’évolution du matériel justement ?
-Quand on voit le matos d’il y a seulement 5 ans, ça a radicalement changé. Les skis sont de plus en larges, de 65-70 mm il y a 10 ans, on est passé sur 75 et maintenant on est sur du 80-85mm. Chaque année on gagne en largeur, en rayon de courbe, en poids. Du côté des chaussures, avec la TLT 5 par exemple, on a des chaussures qui offrent un très bon débattement, une très bonne tenue pour notre pratique et un poids abordable. Pour les fixations, il n’y a pas vraiment de révolution, mais est-ce nécessaire ? La TLT Speed est la fixation de toujours depuis 25 ou 30 ans, maintenant elle va être réglable en longueur, ce qui n’apporte pas grand chose, on va pouvoir changer les cales avec le bâtons… ok, mais pas d’évolutions majeure. Pourquoi ? Parce que le système avait 20 d’avance sur son époque. C’est un produit minimaliste qui remplit parfaitement sa fonction. Et qui n’est pas plus accidentogène que ça… La certification TüV : on en a rien à faire. Moi je skie tout le temps avec des fixations de compet, j’accumule 150 000 m de dénivelé par an, je n’ai jamais déchaussé intempestivement. Bon d’accord, je ne skie pas à Mach 1000 ! La fixation normée, ce n’est pas une demande du public, en tout cas pas dans ma pratique. Les marques essaient-elles de créer un besoin. Elle se disent : « on veut manger une part du gâteau freerando en sortant la première fixation certifiée ». Ca va rassurer les gens qui viennent de l’alpin.
-Que penses-tu de l’attitude de stations de ski face au nombre croissant de randonneurs ses les pistes ?
-A part Chamrousse, il y en a beaucoup des randonneurs sur les pistes ? Je crois que les stations s’adaptent. Il y aura toujours 1 ou 2 inconscients qui vont remonter les pistes en pleine journée, se prendre les câbles dans une descente un peu tardive, c’est arrivé à un copain… je ne sais pas si c’est un réel problème pour les stations. Les randonneurs sont aussi des clients de la station, qui vont skier avec leurs enfants à d’autre moments, il viennent filer un coup de main quand il y a besoin (ça m’est arrivé de sortir ma pelle et mon arva pour aider sur un secours), ça se passe plutôt dans la bonne ambiance, quand on croise les dameurs, tant qu’on est sur le coté, je ne vois pas de péril. De toute façon, la rando ne va pas monter comme ça pendant des années et des années.
-Quelle est la question la plus posée sur ton site ?
-En ce moment, c’est : « Quand est-ce que ça va tomber ? »