À peine le temps d’absorber notre nouvel environnement japonais avec des yeux ébahis, nous reprenons un dernier vol reliant Tokyo à Asahikawa, la deuxième plus grande ville d’Hokkaido après Sapporo. La chaîne de volcans parcourant le centre de l’île est coiffée de nuages, mais nous pouvons deviner des paysages de campagnes boisées et de collines ondulées. Tout semble baigner dans un océan de neige. Entourée des mers du Japon, d’Okhotsk et de l’océan Pacifique, l’île est le théâtre de cumuls records de neige. Chaque hiver, entre 10 et 15 mètres viennent en moyenne s’y déposer. Les tempêtes sont fréquentes et les températures très froides. C’est cette collision entre ce mauvais temps venu du Pacifique et cet air glacial descendu tout droit de Sibérie qui donne naissance à cette qualité de neige unique, très abondante mais d’une légèreté et stabilité exceptionnelles. Des skieurs du monde entier viennent goûter à cet or blanc dans lequel on glisse littéralement comme dans du coton. Munis de skis bien larges au patin, le 120mm sera de rigueur pendant ce périple !
Nous avons choisi comme camp de base la petite localité de Biei, située à 25km au sud d’Asahikawa. Cette partie du centre d’Hokkaido est moins connue que la zone de Niseko et Rusutsu près de Sapporo mais c’est justement cela qui nous intéresse, explorer cette partie moins connue de cette île légendaire pour les amateurs de poudreuse. La fatigue du voyage et du décalage horaire se fait encore sentir mais après une première nuit de sommeil en demi-teinte, nous avons tous les trois hâte de partir à la découverte de ce terrain de jeu. Chose rare en ce mois de janvier, une journée de beau temps est annoncée. Nous nous fixons alors comme objectif de randonner sur les flancs du volcan Asahidake au-dessus du couvert forestier car la visibilité nous permettra d’évoluer sans difficulté. Il fait aux alentours de -15° lorsque nous mettons le nez en dehors de notre petit appartement à l’esthétique minimaliste très japonaise. Le froid est littéralement mordant, le fond de l’air glacial. C’est en faisant le trajet vers le volcan que nous nous rendons pleinement compte de ce que signifie l’hiver à Hokkaido. Sur les toits, entre les bâtiments, sur les bords des routes, partout où se pose le regard, des quantités impressionnantes de neige se sont déposées au fil des semaines depuis le début de l’hiver. La conduite se fait à gauche au Japon et de chaque côté de la route à environ cent mètres d’intervalle, des poteaux coiffés de flèches qui se mettent parfois à clignoter viennent aider l’automobiliste dans ses repères. Car de nombreuses fois, c’est le vent fort qui se lève, souffle la neige et il est alors quasi impossible de s’orienter.