Je l’avoue… en quête de terrains alpins, j’ai longtemps délaissé le Jura au profit d’autres massifs, partant du postulat qu’il s’agissait davantage de collines que de vraies montagnes, et que je ne pourrai pas en tirer grand-chose.
Depuis, mon avis a changé. Faites avec moi un petit tour de ce beau massif.
Par Marie-Aude Pierre
Ayant déménagé dans les contrebas du Jura Suisse, je m’amuse depuis quelques hivers à en parcourir et découvrir tous les recoins. Ce massif de la Dôle s’avère un terrain de jeux formidable : que ce soit en terme de paysages, de diversité ou de dénivelé (car oui, il est possible de parcourir plus de 1’000m d+ d’un seul trait dans le Jura). Vous y trouverez des itinéraires simples serpentant dans de beaux alpages tout comme des couloirs plus techniques.
Je vous emmène le temps de cet article découvrir ce petit coin de paradis, situé à la frontière franco-suisse. Le Jura est un espace grand, très grand ! Ce massif s’étend en effet sur plus de 340km. Nous allons nous concentrer sur sa partie occidentale ; non loin du lac Léman, de Genève et de la France voisine.
Le nom « Jura » vient du latin « Juria », qui signifie forêt de montagne. Une fois que l’on y est, ce mot prend tout son sens. La forêt et les pâturages boisés y occupe une place prépondérante.
Le célèbre romancier Goethe eut d’ailleurs l’occasion de traverser ces paysages lors d’un voyage à Genève. On ne peut qu’adhérer à ses mots :
Il n’y a point de termes pour exprimer la grandeur et la beauté de ce spectacle
Notre découverte des crêtes jurassiennes commence plein Est, au Chasseron. Du haut de ses 1’606m, ce sommet incontournable de la région domine le lac de Neuchâtel. Ce terrain de jeu idéal au ski de rando offre des ventes, sur son versant sud, régulières, peu raides et très agréables à skier. Les pentes versant Nord offrent quant à elles un peu plus d’adrénaline. Les itinéraires ne manquent pas ! La vue depuis le sommet est splendide, les couchers et les levers de soleil sont à tomber.
Dénivelé : 400 D+
Itinéraire 1 : Depuis la station de ski des Rasses, le sommet vous tend les bras. Impossible de vous perdre, tous les chemins mènent au Chasseron ! Pour la descente, à vous de choisir. Piste ou godille dans la poudre au milieu des sapins.
Itinéraire 2 : Depuis le parking des Cluds (départ des pistes de ski de fond). Monter par l’alpage de la Bullatonne pour rejoindre ensuite le sommet. Descente par le même itinéraire.
Suggestion : S’arrêter pour un casse-croûte ou pour la nuit à l’hôtel du Chasseron, une institution dans la région !
Retrouvez la trace GPX de cet itinéraire en suivant ce lien (un peu rallongé car intégrant les Petites Roches).
La Dôle se reconnait facilement depuis la plaine en raison de sa boule géante. Il s’agit en fait d’un observatoire météorologique et aérien. De là-haut, le panorama est juste époustouflant : la chaîne des Alpes et le lac Léman se dressent devant vous.
Dénivelé : 600 D+
Itinéraire : En boucle. Direction la commune de St Cergues puis le parking du refuge de la Barillette. La montée s’effectue par de grandes pentes herbeuses puis par un rapide passage en forêt pour atteindre la Barillette et sa fameuse antenne (elle aussi très facilement reconnaissable depuis la plaine). De là, redescendre vers le chalet de la Dôle puis remonter une pente régulière à gauche de la falaise pour longer la crête jusqu’au sommet.
Pour la descente, je vous propose de passer par le col de Porte (avec en option la montée à la Pointe de Poêle Chaude pour augmenter le dénivelé). Du col, descendre en direction du Chalet des Apprentis puis rejoindre le parking de départ via le vallon de Vuarne. Il est également possible de descendre par le même chemin que la montée, mais cela nécessitera un repeautage entre le chalet de la Dôle et Barillette.
Suggestions : tenter une descente dans l’un des couloirs de la Dôle (réservé uniquement aux skieurs expérimentés et si les conditions d’enneigement s’y prêtent), guetter les chamois (en très grand nombre dans ce coin), s’arrêter pour déguster un burger au Rando Burger à St Cergues.
Voisin de la Dôle, le Noirmont fait également parti du domaine skiable de la station des Rousses. Malgré sa petite altitude (1’567m), il n’en reste pas moins un sommet intéressant lorsqu’une belle couche de poudre blanche est tombée ! Le dénivelé peut paraitre léger (500D+), mais vous pourrez évidemment le cumuler. A faire plutôt en début de saison et lorsque les remontées sont fermées.
Dénivelé : 500 D+
Itinéraire : Le départ se fait depuis le parking des remontées du Noirmont, après le village de la Cure. Pour l’itinéraire, à vous de faire votre trace ! Droit de l’pentu comme on dit ici, ou via les pistes de ski. Vous n’aurez que l’embarras du choix. L’objectif est simple, monter jusqu’à la croix. Pour un peu plus de longueur, il est possible de coupler cette montée avec la jolie combe du Creux du Croue (oui ça n’est pas facile à prononcer).
Pour la descente, je vous conseille de prendre la piste noire, car elle offre une vue plongeante sur le lac des Rousses !
L’une des courses classiques de la région ! Au Mont Tendre, on ne rigole plus. Le dénivelé flirte avec les symboliques 1’000 D+ ! Du haut de ses 1679m, le Mont Tendre est le sommet du Jura Suisse. Il offre une vue époustouflante à 360°. De là-haut, on aperçoit les 3 lacs : Léman, Joux et Neuchâtel.
Dénivelé : 950 D+
Itinéraire : Direction le village de Montricher et plus précisément le parking des Ages. Le plus agréable est de prendre le chemin d’été. Il commence au parcours Vita sur la gauche du parking et serpente dans la forêt en coupant plusieurs fois la route. Au point 977m, le point de vue du Virage vous offre un joli dégagement sur la plaine et le lac. Le chemin continue en forêt jusqu’à un grand pâturage, le Pré Anselme à 1’290m. De là poursuivez sur la droite du chalet pour rejoindre ensuite le chalet neuf du Mont Tendre à 1’511m. Le chemin serpente à nouveau dans la forêt jusqu’au chalet du Mont Tendre à 1’615m. Une fois devant le chalet, prendre plein ouest en direction du sommet.
Pour le chemin du retour, le plus simple est de prendre la route goudronnée d’été jusqu’au parking. Mais libre à vous de faire quelques variantes entre les sapins ou dans les pâturages ;-)
On quitte un sommet pour en retrouver un autre, mais cette fois-ci du côté français. Le Crêt de la Neige avec ses 1’720m est quant à lui le sommet du massif du Jura (massif du jura, Jura Suisse, Jura bernois, c’est à y perdre la tête). Nous n’avons fait qu’une dizaine de kilomètres, et pourtant les paysages sont ici forts différents. Particularité notoire, les magnifiques pins à crochets qui s’accrochent aux pentes sommitales.
Dénivelé : 900 D+
Itinéraire : Depuis le parking du Tiocan au-dessus du village de Thoiry. Prendre le chemin d’été dans la forêt jusqu’au point 1’056m. De là, continuer jusqu’au lieu-dit « La Croisée » à 1’190m. Opter pour le chemin de droite qui débouche sur une combe assez avalancheuse. Poursuivre dans une pente un peu plus raide jusqu’aux 2 citernes puis à un chalet d’alpage. De là, serpenter entre les pins à crochets jusqu’au sommet du Crêt de la Neige. Suivre la crête jusqu’au sommet du Reculet.
La descente s’effectue par les combes et les alpages jusqu’au point 1’250m où l’on retrouve la route.
Cette liste étant non exhaustive, voici quelques idées complémentaires : La Dent de Vaulion, Le Chasseral, le Suchet… Vous l’aurez compris ; le Jura est un terrain authentique qui fascine par sa beauté brute : murs de pierres, prairies, forêts de sapins, d’épicéas. Les chamois ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en y installant leurs quartiers. Ne vous reste plus qu’à chausser vos skis et partir à la découverte de ce beau pays.
Crédits photos : © Marie-Aude Pierre, Guillaume Deriaz
