Par Xavier – La Belle Route
Après des années à payer ton forfait, limer les pistes, grignoter ton sandwich thon-rillettes-baguette molle sur un télésiège en plein vent puis découvrir les meilleurs hors-pistes… un nouvel élan te motive : le ski de randonnée !
L’initiation passée, tu as vécu tes premières sorties encadrées et balisées comme dans un rêve (*), l’autonomie sur les traces fut comme un décollage et les premiers classiques une révélation. L’envie et le bagage technique sont là : montée – descente – sécu.
Si tu habites à proximité ou du moins pas trop loin des montagnes, ton évolution pourra se poursuivre naturellement avec fréquence auprès d’amis, du CAF, de Skitour, de Camp to Camp, etc. Par contre, en étant plus loin sur Rennes, Lille, Reims, Paris ou encore Bruxelles, le ski (et bientôt tu diras la montagne) ce n’est qu’une fois par an, le plus souvent pendant les vacances.
Vivre la montagne une seconde fois sur quelques jours peut te paraitre trop compliqué, trop aléatoire, trop cher, trop… trop tout en fait. Pourtant, avec un peu d’organisation et de méthode, tu pourras faire quelque chose de sympa et t’y rendre avec plus ou moins de simplicité. Avec beaucoup d’organisation et de méthode, tu pourras même y aller plusieurs fois dans la saison !
Déjà, si tu es loin des cimes, cela signifie que tu dois tout programmer… et que tu pars même si les conditions ne sont pas au top. En effet, tu ne peux pas remettre ton séjour au week-end prochain en un claquement de doigts. Et bien sûr, tu pars plutôt sur 3 ou 4 jours, il faut savoir en profiter ! Mais quand alors ?
La saison commence parfois en octobre et peut tirer jusqu’à juin. Sur le papier, cela te laisse beaucoup de possibilités. Dans les faits, c’est plus restreint :
Mi-mars à mi-mai est la période « facile » qui maximise les chances de se faire plaisir (les vacances de printemps représentent une contrainte raisonnable). Même si elles ne sont pas à exclure, les tempêtes « hivernales » ne sont plus légions, les jours sont plus longs, le manteau neigeux moins capricieux et pourtant abondant : qui se souvient encore que le ski de randonnée s’appelait autrefois ski de printemps ?
En étant loin des montagnes, plusieurs options se présentent, plus ou moins rapides, plus ou moins onéreuses, plus ou moins confortables, plus ou moins fatigantes, …
Évidemment, la voiture est le moyen de transport parfait pour sa souplesse et sa réactivité. Tu pourras partir où tu voudras au dernier moment et t’adapter à toutes les situations. Mais il y a aussi des points négatifs à prendre la voiture. 15 à 20h de route sur 3 jours n’est pas un cadeau : fatigue, stress, risque d’accident, aléas hivernaux (seuls les hats alpins trouvent que le Lautaret est un col facile), le coût (surtout si vous n’êtes que 2 ou 3). Tous ces éléments sont à prendre en considération !
Le bus de nuit est une solution envisageable car les prix ne sont pas si élevés que ça, même à la dernière minute. Par exemple, comptez 41€ pour rallier Lille à Grenoble et 35€ pour aller de Rennes à Chambéry, en vous y prenant à 24h du départ. Après, ce ne sont pas les voyages les plus confortables et les destinations ne sont pas si nombreuses (Grenoble, Chambéry et Annecy) mais ça permet d’arriver au petit matin en vallée sans trop dépenser !
Dans les Alpes, les points d’arrivée les plus accessibles sont Grenoble, la Tarentaise (axe Albertville – Bourg Saint Maurice), la Maurienne et Annecy Sallanches. Le TGV de nuit pour certains d’entre eux sera une arme absolue : il permet d’arriver tôt et reste bon marché !
Il est possible de quitter ta ville vers 18h et de randonner le lendemain dès 7h, à l’autre bout du pays !
Le train de nuit fait de la résistance pour Gap – Briançon et les Pyrénées : un bon confort et un certain art du voyage ! C’est donc un petit déjeuner en montagne sous les premières lueurs du jour qui t’attend ! Par contre, il faut s’y prendre relativement tôt pour avoir de bons tarifs en week-end (on entend par là un aller-retour à moins de 100€). Sinon, il faut partir en semaine ou tenter un hasardeux rachat/troc de billets.
Un point d’attention : les transferts de gare à gare sur Paris sont réalisables à l’aller, mais au retour c’est franchement désagréable. À moins d’un retour en train de nuit, il est préférable d’opter pour un changement tout en douceur à Lyon Part-Dieu.
Évidemment, il faut prévoir le transfert sur place en bus ou taxi, cette dernière option étant même plus économique et plus rapide à partir de 4 ou 5 personnes.
Deux bons plans si tu as choisis le confort du train :
Située entre les 3 Vallées et le Grand Domaine (St François Longchamp / Valmorel), cette vallée est un petit paradis avec deux refuges (l’un gardé et l’autre non, c’est au choix). Il est aisé de rejoindre Moutiers notamment en TGV de nuit puis la Flachère en taxi ou la Combe en bus pour y accéder. Si tu dois louer du matériel, il y a ce qu’il te faut à proximité de la gare.
Massif parfait pour le ski de randonnée accessible en train de nuit avec des loueurs en vallées et en station (St Véran, Ceillac, Abriès…), un bon système de bus, de nombreux gites et refuges (dont le mythique de La Blanche). Que demander de plus ? L’est et l’ouest du massif ont deux dominantes distinctes pour les perturbations, ce qui permet de trouver plus facilement un coin où se balader même quand tu crois que c’est bien bouché.
Un combo train + voiture de location est très intéressant pour plusieurs situations : rejoindre un point de départ isolé, se donner de la souplesse dans une zone étendue et en fin de saison lorsque les trains se font plus rare jusqu’en vallée. Les locations de voiture sont très bon marché le week-end à Lyon Part-Dieu, et il reste alors environ 2h de route pour rallier la montagne. Attention, les véhicules de location ne sont que très rarement équipés de pneus neige, et les chaines sont louées à prix d’or. Dans ces conditions, accéder à certaines stations ou passer des cols peut devenir un belle galère. Et si tu n’est pas habitué à la conduite sur neige, n’écoute surtout pas les locaux qui te disent que ça passe tranquille ! Méfie toi aussi de Google Map qui n’hésitera pas à te faire passer par le Galibier au mois d’avril…
La préparation des sorties est liée à ton point de chute : un endroit très accessible n’offrira pas forcément les randos désirées tandis que le site de tes rêves pourrait demander une marche d’approche incompatible avec les contraintes horaires des transports en commun… Il s’agit donc de trouver le bon équilibre, surtout pour un séjour assez court.
Gîte ou refuge ? Il te faut choisir. Quand le gîte est plus accessible et te permet de souplesse pour un séjour en étoile, le refuge t’offrira plus de caractère tout en réduisant les approches.
Pour préparer les déplacements ski aux pieds, c’est ici : préparer sa sortie en ski de rando. Maintenant, reste à tout mettre en musique !
(*) Si tu ne remplies pas cette condition, tu peux retourner aux études approfondies de plans des pistes…
