Sortie à Chamonix : la Brèche de Bérard

Arrivés au col, entre photos et dépeautage, les groupes se jaugent « qui va où, combien êtes-vous, quels itinéraires ont été tracés hier ? ». Le premier groupe arrivé au sommet décide de monter à la pointe d’Alphonse Favre. Ils sont nombreux, on va les laisser tranquilles. L’autre groupe, emmené par un guide est déjà parti plus bas.

Suivant notre décision de la veille nous partons en direction de la Combe de l’Envers de Berard. La neige est poudreuse mais légèrement soufflée. L’excitation commence à se faire sentir dans le groupe : concours de godille et jeux avec le relief. Tout annonce une magnifique journée. Mais la traversée descendante pour rejoindre la Combe, elle, se fait dans les boulettes des précédentes coulées, c’est un rappel à l’ordre pour tous.

Brèche de Bérard (2600m) :

Sur le chemin nous croisons le groupe avec le guide qui se prépare à faire le Col de Crochu. Après un coup d’œil sur la crête de l’Aiguille de Berard, seulement deux randonneurs bien rapides ont choisi cet itinéraire et ont fait la trace. Pas besoin de se concerter, tout notre groupe se dirige vers le fond de la combe pour rejoindre le départ de la trace. En bonus, la préparation et la montée se feront au soleil.

On double donc la mise avec 350D+, car théoriquement plus on monte plus on descend !

Les premiers 100m se font dans un couloir bien large et assez pentu tandis que le reste de la montée s’adoucit. La longue arrête finale nous donne une vue magnifique sur les Fiz.

Avant de réaliser la dernière traversée à l’ombre pour rejoindre la Brèche, petite pause au soleil pour boire un coup et faire (encore) des photos. Dans le groupe on entend « oh bah il est que 11h ». Quoi ?!?! On ne va tout de même pas descendre tout de suite dans le vallon pour finir à manger nos sandwichs dans le train du retour. Ou alors remonter depuis le bas du Vallon de Bérard ? Trop à l’ombre pour certains… Concertation de groupe : qui n’a plus de jambes ? Qui doit rentrer tôt (on ne sait jamais) ?

La décision est unanime, on veut skier !

Nous descendons donc du côté ouest pour rejoindre le bas de l’Envers de Salenton pour remonter le Col du même nom.

Col de Salenton (2525m) :

Avant même d’attaquer la descente je pars avec les plus courageux pour effectuer une montée de couloir ski dans le dos – pour gagner 3 virages – mais surtout un point de vue sur le Vallon de Berard. Photos, chausse des skis, c’est reparti.
La descente vers l’envers de Salenton par les pentes de la montagne de Montjus se fait dans une neige bien froide. Les pentes sont joueuses avec quelques barres rocheuses facilement contournables. Le choix s’avère difficile entre profiter d’une plus longue descente ou traverser par la droite et réduire le temps de montée du col de Salenton. J’adopte l’option intermédiaire du groupe et me situe à environ 2200m à la remise des peaux.

Allez ! Encore 325D+ dans une combe peu pentue et bien ensoleillée. Dans cette montée les écarts se creusent, le soleil tape fort, mes Ubac 105 sont plus lourds qu’avant, non ? Arrivés au top du col à 12h50, les plaisanteries fusent, l’ambiance est bon enfant : les « vrais » randonneurs ont attaqué leur repas, tandis que les freerandonneurs déchaussent seulement… On en reparlera à la descente…

Le guide (en repos) du groupe propose du Génépi, il paraît que c’est une coutume…

Vallon de Bérard :

Sandwichs terminés, appareils photo rangés, skis chaussés : la tension commence à monter. C’est bientôt parti pour une descente de 800m, vierge avec 30cm de poudreuse. Qui se lance en premier ? On se jauge, on hésite… Le plus expérimenté se lance, une dizaine de virages godille, lever de bâton, c’est le signal : les fauves sont lâchés. Chacun y va de son petit cri de joie, « passe à droite » « à gauche » « là tu peux sauter… ». C’est que du bonheur.

Arrivés au fond du Vallon, les sourires se partagent déjà, « tu as vu quand je suis passé dans la combe » « oh c’était bon »… Mais on ne va pas rester à l’ombre, direction la gare du Buet pour prendre le train direction la Flégère.

Je laisse à la mémoire des connaisseurs, et la découverte aux futurs passants, le « bobsleigh » entre les arbres pour rejoindre le village du Buet.

Arrivés à la gare, on se félicite, on sourit, on se tape dans la main, on se montre les photos, on classe la rando à quelle place du top 5 de l’année ? Et toutes les phrases commencent déjà par « tu te rappelles… »

Le train arrive ! Qui skie demain ?