C.T.C. : Quelle est la particularité de vos fixations par rapport aux modèles concurrents ?
A.F. : Nos fixations sont usinées (la fixation est fraisée dans la masse) alors que les autres sont injectées (métal liquide injecté dans un moule). A l’inverse des marques de ski, on était dans l’usinage et on s’est mis à faire la conception. Leur outillage coûte très cher, des centaines de milliers d’euros, pour des grosses productions. Pour nous, une nouvelle pièce ne nécessite pas de moule, donc ça ne coûte quasiment rien à lancer, mais sera plus chère à produire en grandes quantités. L’usinage permet d’ajuster la production aux ventes, de moduler, d’optimiser la forme, d’être plus précis et comme c’est plus solide, pas besoin de zones de renfort comme dans l’injecté.
On est exigeant sur la provenance de la matière première, nos goupilles par exemple coûtent plus cher que celles qu’on utilisait avant, on a eu des casses…
Et c’est dommage que ta fixation casse pour une pièce à 0,003 euros ! On les achète à 6 ou 7 centimes maintenant en étant sûr de la qualité. Elles sont fabriquées en Suisse, pas en Chine. Du coup, nos fixations coûtent cinq fois le prix quand elles arrivent dans la boite.
C’est dur de baisser le prix quand tu ne veux pas quitter le pays et que 98% de la matière première provient de France… Plus précisément 90% de Haute-Savoie ! On est tenté de fabriquer ailleurs (en Pologne, c’est plus de deux fois moins cher) mais ce n’est pas notre éthique de fabriquer pas cher et de vendre cher !
Quand j’ai de la casse, on appelle les clients, on explique le problème et 95% du temps ils comprennent, et puis du côté des fournisseurs, c’est plus facile de prendre la voiture pour aller régler un problème !