Aujourd’hui, on va à Zermatt, c’est décidé ! Et une sacrée bambée nous attend avec 3 cols à passer et plus de 30 km à parcourir. La journée commence dans le brouillard et nous ne sommes pas franchement optimistes pour la suite au moment de quitter le refuge. Les affaires n’ont pas séché, nous n’avons pas beaucoup dormi et il est 6h du matin : la journée s’annonce longue… Mais le miracle survient plus tôt qu’espéré !
Pascal commence par sauver un moineau gelé en le réchauffant quelques dizaines de minutes dans sa poche de doudoune. Et, au moment où le volatile réussit à s’extirper de sa poche pour retrouver la liberté, le ciel se déchire et nous offre un spectacle magnifique pour la suite de la journée.
Nous passons le col de l’Evêque (3386 m) dans un silence religieux, calmés par la beauté des lieux et de ce lever du jour. Cette étape est la plus belle de la Haute-Route, à côtoyer les sommets de 4000m… et les guides nous promettent une vue inoubliable sur le Cervin en fin de journée (sûrement une ruse pour nous faire avancer après 4 jours de raid).
Nous faisons la trace dans une neige de rêve. La remontée du haut glacier d’Arolla se fait même sous un soleil de plomb : mieux vaut avoir de la crème solaire à fort indice à portée de main !
Crampons et corde seront nécessaires pour passer le petit col du mont Brûlé. L’occasion de réviser les fondamentaux pour ne pas marcher sur la corde et s’adapter au rythme des compagnons de cordée !
Une nouvelle descente vierge nous amène au pied du Col de Valpelline (3568m), ultime difficulté avant Zermatt, que notre guide appelle le mur des lamentations. Il y fait environ 48°C malgré l’altitude. Les nuages couvrent vite le tout et nous passons le col dans un brouillard total, avant qu’un nouveau miracle ne survienne : une éclaircie magique de quelques minutes face au Cervin. Mon boîtier mitraille avant de retomber dans la purée de pois et de pousser sur les bâtons un bon moment pour rallier Zermatt.
Nous l’avons fait ! Cette dernière journée de 10h et 1300m de dénivelé nous autorise bien à boire une bonne bière et faire une bonne sieste dans le bus du retour vers Chamonix !
Tous les membres de l’équipe, dont beaucoup effectuaient leur premier raid sur plusieurs jours, sont ravis et pensent déjà aux prochaines aventures… Merci à tous mes modèles, et surtout à Fischer pour l’invitation à cette superbe Transalp 2015 !
Texte et photos : Timothée Nalet/CTC (retrouvez les autres aventures de Tim sur ses blogs : www.timotheenalet.com et www.peignee-verticale.com)