Le ciel lui-même ne donnait aucune chance au Big Up&Down, première édition à Combloux. Toute la semaine précédente, les prévisions météo étaient apocalyptiques avec plus d’un mètre et demi annoncé et un froid sub-polaire. C’est donc les sacs chargés de doudounes et avec une pelle neuve que nous sommes arrivés à Combloux. Pourtant samedi matin, un miracle – toujours en cours d’authentification par le Vatican – se déroule sous nos yeux à peine désillés par le café. Nous ne rêvons pas : le ciel est bleu, l’air est cristallin et Kilian est parmi nous.
Tous les éléments du Big Up&Down se mettent en place : les marques déploient leurs tentes pour les tests (Dynafit, Salomon, Mammut, Zag, Black Crows, Julbo, G3, Bergans of Norway, Dynastar, Fischer, Vertical, Hagan, Scarpa), les freerandonneurs débarquent avec leurs skis larges et leur bonne humeur (Enak Gavaggio, Adrien Coirier, Jeremy Prevost, Cedric Pugin, Mathieu Navillod), le King Kilian descend parmi les humbles participants du Kilianomètre.
Ca s’échauffe dans la raquette de départ, avec ce mélange étonnant et détonnant de freerandonneurs et de ski runners au départ de la même course, c’est ça l’esprit du Big Up !
Dès le départ donné le tri est rapidement clair entre les endurants du dénivelé et les gourmands de courbe. Pour résumer la situation : Kilian a avalé les 700 m de dénivelé en moins de temps qu’il n’en faut pour faire la liaison en remontées mécaniques (2 téléskis et 2 télésièges). Le parcours chemine d’abord sur la piste puis dans les bois, sous les branches chargées de neige. A l’arrivée, dans l’ambiance sonorisée par les cloches de vaches on se congratule, on crache ses poumons, on boit un thé, on fait un selfie avec Kilian. Enak « la farce tranquille » Gavaggio et Mathieu Navillod arrivent bons derniers avec le sourire, moustache frétillante. « Dès le départ j’ai pris le téléski pour arriver devant tout le monde et faire une photo, ils ont été plus rapides, à partir de là je n’ai plus joué« , lâche Enak à bout de souffle. Le vainqueur, Kilian (of course), soulève le trophé du Big Up, une biche empaillée à l’oeil coquin symbolisant l’agilité et la vélocité de ces mollets catalans mondialement connus.
La neige revient sur les bonnets et l’après-midi donne l’occasion de tester du matériel, avant de se retrouver pour la Belle Montée, une escapade nocturne d’environ 650 m de dénivelé à la cool menée par Cedric Pugin. A la nuit tombante, le chemin se déroule agréablement sur les bords des pistes avant de pénétrer dans la forêt de sapins aux airs canadiens. Le profil est régulier, ça permet de discuter, de ne jamais être dans le rouge et de progresser à la lueur de la pleine lune à peine diluée par les nuages, vers le sommet à 1757 m. « Le parcours était magnifique dans la forêt« , conclue Adrien Coirier en sirotant son vin chaud. « C’était super dans la forêt, j’attends la descente« , lance une randonneuse. La descente justement se fait à la frontale, en groupe, en rigolant à chaque bosse et en saluant les beaux sapins rois des forêts.Skier de nuit, ça change tout !
« Des gros cuisseaux pour la descente et des gros poumons pour la montée« , voilà comment Enak résume le Big Nak, une compétition originale composée d’une spéciale de 150 m de dénivelé positif et de deux spéciales en descente, entrecoupées de parcours de liaison non chronométrés. Sous une intensité neigeuse rare, Caroline Freslon prend rapidement la tête du départ en groupe de la première spéciale. Les rodomontades des freeriders n’ont pas intimidé cette traileuse réputée et, d’un vol assuré, Freslon a pris son envol pour s’assurer, dès les premiers coups de spatule, la victoire. Elle soulève sa tête de sanglier empaillée en se marrant !
Tout ce beau monde a fait vivre pendant deux jours l’idée que nous défendons depuis le début à Community Touring Club : rassembler les communautés de randonneurs dans un même évènement. Ils ont prouvé, sous la neige, pour cette toute première édition à Combloux, que les randonneurs étaient surtout et avant tout des skieurs.
