-Pour toi, c’est quoi la rando ?
-Je ne me considère pas comme un vrai randonneur mais comme un randonneur de proximité. Je suis un skieur qui a toujours fait de la peau, toujours marché pour accéder à des pentes plutôt des randos de 20/30 minutes. J’estime qu’on arrive seulement aujourd’hui à un combo ski/fix/chaussures qui permet aux mecs de mon profil – gros skieurs – de partir longtemps avec du matos léger et de s’éclater à la descente. L’an passé j’ai fait du splitboard car je trouvais le matos adapté cette année enfin j’ai trouvé une paire de godasses de rando pour faire des grands itinéraires et qui me permettent de m’éclater à la descente et qui se rapproche de la skiabilité de mes chaussures alpines. Le poids du matos a été un frein pendant longtemps clairement et aujourd’hui ça change.
-Avec cette évolution on va pouvoir s’approprier la rando, chacun à sa manière ?
-Je fais du vélo l’été et je peux partir longtemps sur un vélo, prendre l’air, monter des cols, parce que je sais que vais me faire plaisir à la montée ET à la descente. En ski je suis trop sensible au ressenti matos : les grandes randos avec une matos hyper lourd, les mollets en feu au bout de 100 m c’est aussi désagréable qu’arriver en haut d’un champ de peuf avec des ski de 85 mm au patin. Le nouveau matos est enfin là pour cette génération de skieurs qui mettent l’accent sur la descente… regarde, les vrais skis de poudreuse qui nous permettent de nous amuser comme des fous datent de 4 ou 5 ans, pas plus ! Il y a dix ans, on avait des 105 mm au patin et on pensait que c’était la révolution !
-Que veux-tu raconter au Big Up&Down ? Et avec le programme CTC ?
-Ce qui me plait, c’est que je vais pouvoir me retrouver, moi bouffeur de burgers, avec les bouffeurs de graines super détendu. Je sais qu’on va s’éclater même si on n’a pas le même régime alimentaire ! C’est comme au Banzag, ce n’est pas une course classique, il y a un spirit globalement détendu, l’effort oui, on va s’arracher les poumons, mais à la cool, on va se marrer ! j’aime bien savoir que je vais me trouver tout le week end avec tout plein de petits gens comme moi : Cédric Pugin, Adrien Coirier, Nicolas Anthonioz, Franck Bernes, des gens qui aiment monter parce qu’on va descendre, et s’il faut monter encore plus pour descendre encore plus, je le ferai ! Le Big Up&Down, c’est le salon des végétariens et des carnivores et ils vont avoir le même menu.
-Tu vois la rando prendre de la place dans l’univers du ski ?
-La rando est déjà super importante. Il y a dix ans je me souviens voler sur la Suisse pour le tournage des Nuits de la Glisse, on faisait des couloirs de dingue, il y avait 3 ou 4 randonneurs qui osaient y venir. Il y a deux ans je suis allé au même endroit, ils n’étaient pas 2 ou 3 mais une centaine ! On est clairement dans un phénomène hipster/outdoor dont je fais partie : tout le monde court l’été, fait de la rando, il y a bien plus que du marketing, les gens ont envie de se dépenser et de faire du sport, peut-être parce qu’on sait qu’on a des vies de plus en plus sédentaires, qu’on bouffe de la merde… je ne suis pas sociologue mais j’ai des copains freestylers qui font du vélo l’été, du vélo ! C’est peut-être le sport aérobic le plus ringard ! Quand tu sors d’une grosse rando tu te sens vraiment bien c’est une sorte d’exutoire. Venez, n’ayez pas peur de vous arracher les poumons, la descente sera la récompense ! Mais si on veut rester fidèles à nous-mêmes, nous les randonneurs de proximité, après une bonne grosse montée, pour avoir la conscience tranquille, il faut manger un truc bien gras, on va pas se renier quand même !