-Comment avez-vous travaillé pour vous différencier dans l’énorme production de vidéos de ski sur le web ?
-D’abord on est pas du tout sur le créneau web, on vise une qualité télé. Sur le web, il y a trop de masse et trop peu de retour. Les internautes ne font pas la différence entre un film qui a couté 500 euros et une production à 50 000 euros. Entre un film HD en Gopro et un film en ultra-HD. L’apogée du webisode était il y a 2 ou 3 ans, aujourd’hui ça se dilue, tout le monde peut en faire un, il y a toujours plus de contenu mais pas plus de temps pour regarder tout ça. Notre parti-pris est de produire pour le grand public, pas pour le milieu core et on l’assume. On a une démarche de qualité, par exemple sur ce film je suis producteur, nous avons investi dans une voix-off professionnelle, les pistes musicales ont été composées pour le film, il y a un vrai mixage son, des effets sonores (la tempête dans le bateau, les câbles du bateau qui claquent). Tout cela permet de créer une atmosphère. Sur un écran d’ordinateur, ça ne se verra pas, mais au cinéma, avec le son tournant en 5.1, si ! Ce choix d’être qualitatif est devenu notre image de marque !
Les internautes sur le web ne font pas la différence entre un film qui a couté 500 euros et une production à 50 000 euros.
-Il y a de plus en plus de freerando dans tes films…
-Je dis plutôt freemountain, c’est à dire l’accès à des endroits sans télésièges, donc forcément ça passe par de la rando… ou à pied. Ca fait déjà 3 ans que j’en fais, sans communiquer, en Argentine par exemple, il faut faire 5h de rando pour accéder aux pentes. Dès que tu vas dans des zones retirées, tu n’as pas le choix. Dans notre approche du film, on sort des sentiers battus, donc on sort des stations, là où il n’y a rien.
-L’industrie du ski prend cette direction ?
-Oui et c’est bien d’y aller, on arrive à un seuil avec le freeride dans les stations, c’est saturé, ça se prend le chou sur les entrées de couloirs, ça devient malsain ! Du coup rouvrir des horizons va faire retomber cette agressivité qui nait autour du freeride dans les stations. Il y a un interêt marketing aussi, c’est une excuse pour vendre des skis bien sûr… avec une course au poids un peu inutile à mon avis sur des skis de 105 mm de large, pour des gens qui sortent à la journée… ils feraient 100g de plus, ça ne nuirait pas.
-Qu’est-ce que tu aimes dans la rando ?
–Etre seul face aux éléments, ce sont d’autres sensations, une autre adrénaline. Il faut mériter ta descente, tu ne fais pas 50 runs dans la journée, c’est de la communion, tu apprécies la nature, l’environnement. J’en ai toujours fait en début de saison, maintenant encore plus ! Je ne vais plus au glacier de la Grande Motte à Tignes pour me remettre en condition, faire la queue aux pioches non merci, je fais plutôt de la rando ! Et puis aussi en fin de saison quand les stations sont fermées… et puis en cours de saison.
-Ton prochain film ?
-Il se passera en Russie, autour du chamanisme. Mais entre l’idée du film et l’image qui apparait sur l’écran de cinéma, il y a bien deux ans qui peuvent se passer…
Les infos pour vous rendre à la première du film, vendredi à Paris, c’est ici.