L’arrivée au grand mont est un choc !
Pendant 3 ou 5 heures on partage sa douleur avec soi-même, la douleur de l’effort.
Au pied du grand mont on est seul, en contrebas de de la civilisation, on sait que la dernière difficulté est devant nous. Et pourtant l’arête est un moment agréable, selon où l’on se situe dans la course. Si on est en tête on galope tel un chamois si on est en arrière du peloton c’est le petit train, on savoure. À 200 mètres du sommet c’est un chamboulement, on passe d’un fond sonore rythmé à nos battements de cœurs à une cohue inimaginable, trompettes, tambours, valse de génépi, sapinette et autres Spirituzux. La montagne devient fête. Les encouragements sont tout aussi bruyants pour les premiers que les derniers, le chant des montagnes doit se faire entendre à des kilomètres à la ronde ! On est bien loin d’un beat inaudible de la folie douce où l’on partage des valeurs de débauche, ici, c’est tout autre chose, on fête l’effort, le surpassement mais surtout le partage. Une sensation d’être un demi-dieu le temps d’un court instant au sommet du Beaufortain.