Trois ans que nous y pensons tous les jours. Trois ans que l’idée nous est apparue comme une évidence : partir longtemps, prendre le temps de vivre les choses, les vivre intensément et sans limite, pour assouvir nos rêves de ski, de montagne et de voyage.
Aujourd’hui c’est le grand jour : nous partons avec la neige, celle tant attendue en ce début de saison. Nous partons sans véritable plan pour ces premières semaines, si ce n’est de suivre notre instinct et s’adapter aux conditions pour découvrir nos montagnes européennes.
C’est à bord de notre camion, fraîchement aménagé, que nous vivons. L’aventure commence juste derrière la maison dans le Val d’Aoste, puis le Val Ferret, Val di Rhemes, Valsavarenche, Val di Cogne, Grand St Bernard et même une petite escapade du côté helvétique.
Des nuits fraîches, frôlant les -20 °C (où l’efficacité de l’isolation et du chauffage du camion font heureusement leurs preuves), des skis, des peaux de phoques, des crampons, des piolets, des conditions de neiges inégales (croutée, glacée, caillouteuse, et poudreuse), des pentes variées (douces, longues, larges, étroites, raides et en altitude), du ski de montagne comme on l’aime, sauvage, seuls au monde, avec une constante pour ces dix premiers jours : une météo de rêve et la joie de commencer enfin notre aventure !
Après ce début de voyage plutôt réussi, le mois suivant a été un peu plus compliqué… C’est avec l’arrivée de Vincent et Léo que les choses se sont corsée, alors qu’ils étaient venus gentiment nous supporter, un gros chat noir s’était glissée dans leurs valises !
Après 4 jours passés en Autriche à bricoler en ski de randonnée sous la neige, à skier dans le brouillard à Zurs et brûler quelques litres de gasoil dans le moteur de notre fidèle camion, nous pouvons enfin profiter d’une belle journée en montagne dans le Sud-Tyrol italien (vallée de l‘Arenthal) et d’une soirée mémorable chez nos amis transalpins !
Mais le lendemain, le mauvais temps pointait déjà le bout de son nez. Le beau couloir repéré la veille s’est transformé en rando fitness en forêt !
Il fallait prendre une décision pour la suite, la météo des cinq jours suivants ne nous incitait pas vraiment à rester dans le coin. Après consultation des webcams de Kranjska Gora, la neige ne semblait pas présente dans le Triglav, mais la tentation fut plus forte. Tentons notre chance du côté slovène, « il y aura bien des couloirs enneigés qui traîneront ! ».
Tous nos espoirs retombent vite en parcourant le Triglav par les routes de cols normalement fermés l’hiver. Nous découvrons un beau massif, des belles montagnes, de beaux couloirs… avec l’enneigement d’un mois d’août ! Impossible de rester sous la pluie à Kranska Gora… alors où aller ? Un guide monténégrin nous alerte sur des « conditions not perfect but OK for ski touring » et cela remonte le moral des troupes et nous misons tout sur ce petit mail plein d’espoir : les vacances au sport d’hiver de Vincent et Léo (et les nôtres !) n’étaient peut-être pas foutues !
Apres avoir traversé la Slovénie puis la Croatie sans embûche, nous nous apprêtons à rentrer tranquillement en Bosnie, mais nous essuyions un refus catégorique du moteur au poste-frontière lors du contrôle des identités. Je pars en courant prévenir nos potes déjà passés alors que Boris pousse le camion pour dégager la douane. Après un coup de fil à l’assurance, le camion est remorqué et rapatrié côté croate. En attendant le coup de fil du garage pour le devis, nous embarquons avec Vincent et Léo pour découvrir Sarajevo. À défaut de ski un peu de culturel ne peut pas faire de mal.
Le soir, toujours pas de nouvelles du camion alors nous laissons Vincent et Léo reprendre leur route pour le Durmitor sans être sûrs de pouvoir les rejoindre à temps. Après trois jours d’attente, une buté d’embrayage remplacée et 1000 euros envolés, c’est reparti, on the road again.
Nous retrouvons juste à temps nos copains pour partager leur dernière journée et découvrir le Durmitor sous son plus beau jour : un petit massif aux montagnes dépaysantes. Mais c’est finalement sous la pluie que nous quittions Vincent et Léo en espérant que le beau temps revienne. Et bien non, ce n était peut être pas de leur faute… Nous essuyions l’équivalent de 2 mois de précipitation en 48h et avons le temps d’étudier scientifiquement l’action de la pluie sur la neige !
Heureusement, deux jours plus cléments s’offrent à nous. La montagne est bien rincée mais il reste encore quelques beaux petits couloirs. La chance est-elle de retour ? Profitant de cette bonne énergie, nous nous déplaçons vers le massif du Prozentlije, coincé entre l’Albanie et le Monténégro. Manque de bol, nous sommes à nouveau rappelés à l’ordre et contraints d’écouter la pluie s’abattre sur le camion trois jours durant. Heureusement, le 4ème jour la montagne se laisse approcher pour nous montrer encore une fois ses plus beaux atours : des montagnes sauvages et pleines de force qui font oublier ces longs moment d’attente dans un camion heureusement tout confort !
Maintenant direction les Tatras : motivation et optimisme au top. C’est sûr, la chance va tourner.
Suite au prochain épisode…
Photos : Boris Langenstein